Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/219

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en opposition avec les nôtres ! Que nous importe donc leur inimitié, puisque nous trouvons en eux des ennemis et des jaloux avant que nous leur ayons donné aucun sujet de nous haïr ?

Juges, mon plus vif désir est de renoncer pour jamais aux fonctions d’accusateur (116) aussitôt que j’aurai satisfait à l’attente du peuple romain et rempli mes engagemens envers les Siciliens ; mais si l’évènement trompe l’opinion que j’ai conçue de vous, je poursuivrai non-seulement les juges (117) qui se seront laissé corrompre, mais tous ceux qui auront pris part à la corruption. Si donc il se trouve des hommes qui, par leur puissance, leur audace, ou par leurs intrigues, veulent circonvenir les juges, et les corrompre en faveur de l’accusé, qu’ils se préparent à me voir les attaquer de front devant le peuple romain. Oui, si je leur ai paru montrer assez d’énergie, assez d’activité contre un accusé dont je ne suis devenu l’ennemi que parce qu’il était celui des Siciliens, qu’ils se persuadent que des hommes dont j’aurai bravé la haine pour l’intérêt du peuple romain, trouveront en moi un adversaire encore plus ardent et plus énergique.

LXXII. C’est vous maintenant que j’invoque, très-bon, très-grand Jupiter (118), que Verrès a frustré d’un présent vraiment royal, digne de figurer dans le plus beau de vos temples, digne du Capitole, cette citadelle inexpugnable de toutes les nations ; digne de la munificence des deux princes qui vous le destinaient, qui vous l’avaient solennellement promis et consacré, mais que, par un attentat sacrilège, il n’a pas craint d’arracher