Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/221

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tout à coup de leurs royales mains ; vous enfin dont il a enlevé de Syracuse la statue la plus belle et la plus sainte. Je vous invoque aussi, Junon (119), reine des dieux, de qui les deux sanctuaires les plus antiques et les plus vénérables, érigés dans deux villes alliées, à Malte et à Syracuse, ont été dépouillés de leurs offrandes et de tous leurs ornemens. Et vous, Minerve (120), qu’il a également outragée par la spoliation de deux de vos temples les plus célèbres et les plus respectés, en ravissant, dans celui d’Athènes, une immense quantité d’or, et ne laissant, dans celui de Syracuse, que le toit et les murailles :

Latone, Apollon et Diane (121), dont ce brigand a, pendant la nuit, saccagé à Délos, non pas le sanctuaire, mais l’ancienne demeure, suivant la pieuse tradition des peuples, et le siège même de votre divinité : vous, encore une fois, Apollon, qu’il a enlevé aux habitans de Chios ; et vous, Diane, qu’il a dépouillée à Perga, dont il a emporté le simulacre vénéré, à vous deux fois dédié dans Ségeste, d’abord par la piété des Ségestains, ensuite par la victoire de Scipion l’Africain (122) et vous, Mercure (123), que ce héros avait placé dans le gymnase des Tyndaritains, nos alliés, pour veiller et présider aux exercices de leur jeunesse, mais que Verrès a relégué dans une de ses maisons de campagne, pour être témoin de luttes bien différentes :

Vous, Hercule (124), que ce sacrilège s’est efforcé, à la faveur de la nuit et par les mains d’une troupe d’esclaves armés, d’arracher de votre sanctuaire : vous, respectable mère des dieux (125), souveraine du mont Ida, dont il a tellement dépouillé le temple auguste d’Enguinum, qu’il n’y reste plus que les traces de sa profanation et le nom de l’Africain, et qu’on y cherche en vain les monumens