Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/223

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de la victoire et les ornemens d’une demeure sacrée : et vous, arbitres et témoins de nos plus importantes délibérations, de nos lois, de nos jugemens ; vous, que l’on voit placés dans le lieu le plus fréquenté du prétoire, Castor et Pollux (126), dont le sanctuaire a été pour lui l’objet du plus affreux brigandage : vous, divinités qui venez sur des chars magnifiques ouvrir nos jeux solennels, et dont il a fait servir les processions à satisfaire son avarice, et non point à rehausser la pompe de vos fêtes religieuses (127) ;

Vous, Cérès et Proserpine, dont les mystères, s’il faut en croire l’opinion et le respect des mortels, sont célébrés avec les cérémonies les plus imposantes et les plus secrètes ; vous à qui les peuples doivent les douceurs de la vie, un aliment salutaire, les lois, les mœurs, la civilisation et les nobles affections de l’humanité ; vous, dont le culte, apporté de la Grèce dans nos murs, est observé par le peuple romain et par les citoyens avec une piété si profonde, qu’il paraît avoir été, non pas communiqué à notre nation par un peuple étranger, mais transmis par nous à toutes les autres nations ; vous que le seul Verrès a profané avec tant d’audace, qu’après avoir fait emporter du temple de Catane une image de Cérès que nul homme ne pouvait, non-seulement toucher, mais regarder sans crime, il a enlevé dans Enna une autre statue de cette déesse si parfaite, qu’à son aspect les mortels croyaient voir Cérès elle-même, ou du moins son effigie, non pas faite de la main des hommes (128), mais envoyée du ciel pour recevoir les hommages de la terre.

Je vous implore aussi, divinités vénérables qui habitez