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Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/25

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III. Mais la guerre était en Italie, presqu’aux portes de la Sicile, et la Sicile en a été préservée. Qu’y trouvez-vous de surprenant ? Lorsqu’elle se faisait en Sicile, et c’est bien la même distance, l’Italie ne s’en est nullement ressentie. Pourquoi nous alléguer la proximité des lieux ? Veut-on dire que le passage était facile à l’ennemi, ou que la contagion de l’exemple pouvait gagner les esprits ? Un trajet par mer est-il donc praticable sans vaisseaux ? Ces ennemis dont vous dites que la Sicile était si proche, il leur aurait été plus facile de gagner par terre l’Océan que d’aborder au cap Pélore (5).

Quant à la contagion de la guerre servile, pourquoi vous vantez-vous à cet égard plus que les gouverneurs des autres provinces ? Est-ce parce qu’il y avait déjà eu en Sicile des révoltes d’esclaves ? Mais, par cette raison même, votre province était plus en sûreté ; car depuis le départ de Man. Aquillius, tous les préteurs avaient expressément défendu aux esclaves, quels qu’ils fussent, de porter aucune arme offensive. Voici un fait qui n’est pas nouveau, et que peut-être aucun de vous n’ignore, juges, parce qu’il offre un exemple remarquable de sévérité. Lorsque L. Domitius était préteur en Sicile (6), on lui apporta un sanglier d’une grosseur monstrueuse. Il voulut savoir qui l’avait tué. Ayant appris que c’était un berger, il le fit venir. Cet homme s’empressa d’accourir ; il s’attendait à des éloges et à une récompense. Domitius lui demanda comment il avait terrassé une si énorme bête. L’esclave répondit que c’était avec un épieu. À l’instant il fut mis en croix. Ce jugement paraîtra sans doute cruel : je ne prétends ni le blâmer ni le justifier ; j’observerai