Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/253

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porté en avant d’une allée d’oliviers qui bordait le domaine, objet du procès, appela un de ses esclaves, et lui ordonna de tuer le premier qu’il verrait passer outre. Cécina ne tint point compte de ses menaces ; mais lorsqu’il vit que l’esclave et toute la troupe se disposaient à fondre sur lui, il crut qu’il devait leur épargner un crime. Il se retira ; ses amis et ceux qui l’accompagnaient prirent la fuite. Dès le lendemain il porta plainte devant le préteur (Dolabella), qui, sans prononcer sur le fait, ordonna la réintégration du plaignant sur le lieu d’où il avait été chassé, et un dédommagement pour la violence à lui faite par des hommes armés.

Ébutius prétendit qu’il n’avait ni chassé Cécina, ni employé contre lui des hommes armés, qu’ainsi l’ordonnance du préteur ne le regardait pas ; en conséquence il refusa d’obéir. Le magistrat renvoya l’affaire devant des juges appelés recuperatores. Elle fut plaidée trois fois, le tribunal ne l’ayant pas trouvée suffisamment éclaircie dans les deux premières séances. Le dernier discours seul nous est resté.

La question est fort simple ; elle se réduit à ces deux points : 1° Cécina a-t-il été chassé ? 2° lui a-t-on fait violence avec des hommes armés ? Cicéron prouve l’un et l’autre fait par la déposition des témoins mêmes d’Ébutius : leur déclaration lui était trop favorable pour qu’il n’en tirât pas le plus grand avantage. Deux d’entre eux n’avaient point parlé dans le même sens ; on croit bien qu’il ne les ménagea pas. L’un était sénateur ; il détruisit toute l’autorité que pouvait avoir son témoignage, en rappelant que, peu de jours auparavant, il s’était fait payer pour condamner un accusé dont il ne connaissait pas même la cause. L’autre avait le malheur de s’appeler