Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/258

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que le préteur donnait plusieurs juges pour une seule et même cause, on les nommait récupérateurs ; au lieu que s’il en donnait un seul, on le désignait par le nom de juge. En effet, on ne voit pas que jamais un récupérateur ait jugé seul, ni qu’il y ait en plusieurs juges dans une cause civile, à moins qu’elle ne se plaidât devant le préteur, qui alors avait pour assesseurs les décemvirs ou les centumvirs.

G


Ce discours n’est pas le seul que Cicéron ait prononcé dans cette affaire, qui ne fut jugée qu’après trois actions différentes, comme on l’a vu ci-dessus. Les plaidoyers de notre orateur dans les deux premières sont perdus ; peut-être même ne les a-t-il jamais publiés : mais celui-ci, qui est le dernier de tous, peut nous consoler de cette perte.

On ne sait quelle fut la sentence des juges sur cette affaire, dans laquelle C. Pison, avocat d’Ebutius, plaida contre Cicéron. « Il est probable cependant, dit M. V. Le Clerc, si l’on en juge « par la reconnaissance que Cécina témoigne à l’orateur (Ep. fam., VI, 7), qu’il obtint une sentence favorable. Les lettres nous apprennent aussi (ibid., VI, 3, 6, 8 ; XIII, 66) que le client de Cicéron embrassa depuis, dans la guerre civile, le parti de Pompée ; qu’il combattit, qu’il écrivit même contre César, et qu’après la défaite de Pharsale il trouva encore dans Cicéron un « fidèle protecteur qui le recommanda au proconsul d’Asie, P. Servilius, et sollicita de César son retour de l’exil. »

On concevra toute la difficulté d’expliquer un discours qui roule entièrement sur des points de droit qui ont toujours partagé les plus doctes jurisconsultes. On y trouve une foule de mots auxquels la jurisprudence romaine avait attaché des idées dont la nuance est perdue : « Par exemple, observe Clément, il n’y a peut-être pas moyen de rendre avec précision les termes ejicere, detrudere, dimovere, cogere, convocare, congregare, pris dans leur acception ordinaire ; et, quand on pense que ces mots, introduits