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DISCOURS
POUR A. CÉCINA.


ONZIÈME DISCOURS.

I. SI l’impudence(1) pouvait obtenir au barreau et devant les magistrats le même succès que l’audace en rase campagne et dans un lieu désert, A. Cécina céderait aujourd’hui, dans ce débat, à l’impudence de Sex. Ébutius, comme il céda naguère à son audace et à ses violences. S’il crut alors qu’il ne convenait pas à un homme sage de terminer par le sort des armes une contestation sur laquelle doit prononcer la justice, il pense aujourd’hui qu’il est du devoir d’un homme ferme de chercher à vaincre devant les tribunaux un adversaire auquel il n’a voulu résister ni par la violence ni par les armes. Certes Ebutius me semble n’avoir pas montré plus d’audace quand il s’entoura de gens armés, qu’il ne montre aujourd’hui d’effronterie dans ce débat. Non-seulement il ose se présenter devant un tribunal, ce qui, lorsque le délit est manifeste, est déjà une action condamnable, quoique la dépravation de nos mœurs semble l’autoriser ; il va jusqu’à avouer le fait qu’on lui impute. Peut-être a-t-il raisonné ainsi : «Si je me fusse contenté d’une violence dans la forme usitée(2) je n’eusse pu conserver la possession ; et Cécina, effrayé, n’a pris la fuite avec ses amis que parce que la violence a été exercée envers lui contre le droit et