Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/275

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savans jurisconsultes parmi les femmes (10). Prêtez ce caractère à Ébutius, et vous aurez l’idée du rôle qu’il a joué auprès de Césennia. Ne demandez pas s’il était son parent ? personne ne lui était plus étranger : ou bien un ami que lui eût laissé son père ou son mari ? rien moins que cela. Quel était-il, donc ? ce que je vous disais tout-à-l’heure, un complaisant, un ami de Césennia, à laquelle il tenait, non par quelque lien de parenté, mais par les beaux semblans du zèle et du dévouement, et par des services plus souvent infidèles qu’utiles.

La vente de l’héritage ayant donc été décidée, comme je le disais, on arrêta qu’elle se ferait à Rome. Les parens et les amis de Césennia lui suggérèrent une idée qu’elle avait eue d’elle-même ; c’était, puisqu’elle le pouvait, d’acheter de Fulcinius cette terre, contiguë à celle qu’il lui avait vendue. Elle n’avait aucun motif de ne pas profiter de cette occasion, d’autant plus que de grosses sommes lui revenant dans le partage de la succession, elle ne pouvait mieux les employer. Césennia se détermine donc ; elle donne commission d’acheter la terre. Mais, juges, qui pensez-vous qu’elle en ait chargé ? Vous m’allez nommer sans doute cet homme si empressé de se charger des affaires de Césennia, et sans lequel rien ne pouvait se faire avec assez d’intelligence et d’adresse ? Oui, vous avez deviné.

VI. Ébutius est chargé de sa procuration. Il se présente à la vente ; il met l’enchère. Beaucoup d’acheteurs se désistent, les uns par égard pour Césennia, d’autres aussi à cause du prix. Le fonds est adjugé à Ébutius ; il en promet le prix au banquier (11). Et c’est par le témoignage de ce banquier qu’aujourd’hui cet homme de bien prétend prouver qu’il a fait cette acquisition pour son propre