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Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/279

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de cité romaine. Vous croyez peut-être que Cécina, en homme timide, novice, et manquant à la fois et de courage et de lumière, aura pensé que son héritage ne valait pas la peine qu’il courût le risque de se voir contester son titre de citoyen romain ; il aura sûrement cédé à Ébutius tout ce qu’il réclamait dans la succession de Césennia ? Loin de là, mon client sut, avec autant de fermeté que d’intelligence, confondre et pulvériser ces absurdes chicanes. Ébutius, ayant part à la succession, et s’exagérant singulièrement l’importance de cette modique portion, demande, en sa qualité d’héritier, qu’il soit nommé un arbitre pour le partage des biens. Peu de jours après, quand il s’est convaincu que la crainte d’un procès ne peut déterminer Cécina à rien rabattre de ses prétentions légitimes, il lui déclare à Rome, en plein forum (14), que le fonds dont j’ai parlé et dont j’ai fait voir qu’il était acquéreur au nom de Césennia, était sa propriété, et qu’il en avait fait l’acquisition en son nom propre. Quoi ! Ébutius, vous prétendez être propriétaire d’un fonds que Césennia posséda sans contestation durant quatre années, c’est-à-dire depuis le moment où le fonds fut vendu, jusqu’à celui de son décès ! Mais, dit-il, son mari ne lui avait accordé, par son testament, que l’usufruit et la jouissance de ce fonds. Cécina, se voyant donc intenter un procès d’un genre si nouveau, et qui décelait une si mauvaise foi, résolut, de l’avis de ses amis, de fixer le jour où il ferait une descente sur le fonds en litige, pour en être dépossédé selon les formalités d’usage (15). Les deux contendans ont une entrevue, et prennent jour. Ce jour-là, Cécina, suivi de ses amis, se rend au château d’Axia, non loin duquel est le fonds en litige. Là, Cécina est informé qu’une troupe d’individus, tant libres qu’es-