Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/289

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que (25), quoiqu’il n’en fût pas membre (26) ; que là, sans avoir entendu la cause, et pouvant la renvoyer à un plus ample informé, il prononça (27) ; qu’ayant voulu juger une affaire qu’il ne connaissait point, il préféra la condamnation à l’acquittement ; qu’enfin, lorsqu’il ne manquait plus qu’une seule voix pour que l’accusé fût condamné, il vint siéger moins pour prendre connaissance de la cause que pour entraîner, par son scrutin, la condamnation. Peut-on rien avancer de plus déshonorant pour un homme, que de dire qu’une somme d’argent a pu le déterminer à condamner un accusé qu’il n’avait jamais vu, dont même il n’avait jamais entendu parler ? Se peut-il rien de mieux fondé qu’un reproche que ne cherche pas même a repousser d’un signe de tête celui auquel il est adressé ? Au reste, juges, ce qui vous prouvera facilement que Falcula n’assistait pas en esprit aux débats de la cause, ni aux dépositions des témoins, c’est que tous ceux qui ont été entendus avant lui ayant dit que beaucoup de gens armés étaient autour d’Ébutius, lui seul dit qu’il n’y en avait pas. Il me sembla d’abord qu’il avait, en homme habile, parfaitement compris ce qui était nécessaire à la cause, mais qu’il se trompait seulement en ce qu’il infirmait toutes les dépositions des témoins qui l’avaient précédé, lorsque, tout à coup, avec son inconséquence habituelle, Vetilius déclara qu’il n’y avait que ses esclaves qui fussent armés.

XI. Que penser d’Ébutius ? Ne lui permettrons-nous point de se défendre d’être le plus scélérat des hommes, en avouant qu’il en est le plus extravagant ? Tous ces témoins, juges, ne vous semblaient-ils pas dignes de foi, quand vous avez ordonné un plus ample informé de l’affaire ? Mais il ne s’élevait aucun doute sur la vérité de leurs dépositions. À cette multitude d’hommes