Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/305

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indiqua un chemin par où ils purent s’échapper. Des gens cherchant non-seulement à fuir, mais à fuir par un chemin sûr, vous sembleront-ils n’avoir essuyé aucune violence ? Quel était le motif de leur fuite ? La crainte. Que craignaient-ils ? La violence, n’est-ce pas ? Pouvez-vous nier les prémisses, quand vous accordez les conséquences ? Vous convenez qu’ils fuyaient épouvantés ; vous assignez à leur fuite les mêmes causes que nous connaissons tous, savoir, les armes, la multitude, l’irruption, l’attaque d’hommes en armes. Eh bien ! puisque vous convenez de ces faits, pourrez-vous nier qu’il y ait eu violence ?

XVI. C’est une coutume déjà bien ancienne, et pratiquée en maintes occasions par nos ancêtres : quand deux parties venaient sur les lieux pour discuter leurs droits, si l’une d’elle avait, quoique de loin, aperçu des hommes armés, elle se retirait sur-le-champ, après avoir fait constater la chose ; puis elle était en droit d’appeler en justice la partie adverse, pour avoir usé de violence, contre l’ordonnance du prêteur (36). Quoi donc ? avoir reconnu qu’il y avait des gens en armes est une preuve suffisante de violence, et tomber sous leurs coups n’en est pas une ! leur seule présence établira le fait de violence, et leur attaque ne l’établira point ! il sera plus facile à celui qui se sera retiré de démontrer qu’il a été violenté qu’à celui qu’on aura mis en fuite ! Mais il y a plus, selon moi. Si, après qu’Ébutius eut dit à Cécina, dans le château, qu’il avait rassemblé et armé une troupe d’hommes, et qu’il l’eut menacé de la mort s’il avançait, Cécina se fût retiré sur-le-champ, je dis que vous n’auriez aucun sujet de douter de la violence dirigée contre lui ; et j’ajoute que vous en auriez moins encore, s’il se fût éloigné aussitôt après avoir vu les