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Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/307

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hommes armés. En effet, la violence est la même, lorsque, par la crainte du danger, ou l’on nous force de quitter un lieu, ou l’on nous empêche d’en approcher. Si vous décidez autrement, prenez garde de décider que, quand on s’est retiré sain et sauf, on n’a été l’objet d’aucune violence ; prenez garde que tous les citoyens engagés dans des contestations de propriété, ne s’autorisent de votre décision pour penser qu’ils doivent les soutenir les armes à la main ; prenez garde enfin qu’imitant les généraux qui, à la guerre, punissent la lâcheté de leurs soldats, les juges ne soient plus défavorables à ceux qui ont fui qu’à ceux qui ont combattu jusqu’à la dernière extrémité. Lorsqu’au milieu de questions de droit et de discussions judiciaires entre particuliers, le nom de violence est prononcé, c’est la violence la plus légère qu’il faut entendre. J’ai vu des hommes armés, quoique peu nombreux : c’est une grande violence. J’ai fui épouvanté à la vue d’un homme armé : c’est avoir été repoussé, chassé. Si votre décision est dans ce sens, personne à l’avenir, dans une question de propriété, ne voudra ni combattre, ni même opposer de la résistance. Mais, si vous n’admettez point de violence sans meurtre, sans blessure, sans effusion de sang, vous déciderez que les hommes doivent être plus attachés à leurs propriétés qu’à leur existence.

XVII. Voyons, Ébutius, je veux vous faire juge vous-même de la violence : répondez-moi, s’il vous plaît. Cécina, n’a-t-il pas voulu, ou bien n’a-t-il pas pu pénétrer sur le fonds qu’il réclame ? Si vous dites que vous l’avez arrêté et repoussé, c’est convenir implicitement qu’il voulait y entrer. Pouvez-vous donc soutenir que la violence n’ait pas arrêté Cécina, qui, désirant s’appro-