Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/31

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n’a jamais rien fait sans quelque vue d’intérêt et de rapine Ici la chose est-elle possible ? Quelque moyen s’offre-t-il à sa cupidité ? Eh bien ! attendez-vous à l’action la plus révoltante que vous pourrez imaginer, et ce que je vais vous dire surpassera votre attente. Ces esclaves convaincus, condamnés pour fait de conspiration, livrés à l’exécuteur, liés au poteau fatal, sont tout à coup, en présence de plusieurs milliers de spectateurs, détachés et remis à Léonidas, leur maître. Insensé ! que pouvez-vous dire, si ce n’est ce dont je ne veux pas m’enquérir, bien que, dans un attentat de cette nature, je devrais vous le demander, quoique la chose ne soit pas douteuse ; et même, si l’on pouvait en douter, direz-vous ce que vous avez reçu, combien et de quelle manière ? Je vous fais grâce de toutes ces questions ; je vous épargne la peine de me répondre. Je ne crains point qu’on persuade jamais à personne qu’un attentat dont nul autre que vous n’aurait pu se rendre coupable à quelque prix que ce fût, vous, Verrès, vous soyez décidé à le commettre gratuitement. Mais je ne parle point ici de vos talens pour le vol et le brigandage ; c’est votre mérite militaire que je vais examiner.

xx VI Que dites-vous, gardien vigilant, valeureux défenseur de la Sicile ? Des esclaves ont voulu prendre les armes et allumer la guerre dans votre province : vous en avez eu la preuve ; vous les avez condamnés, de l’avis de votre conseil : déjà, voués au supplice institué par nos ancêtres, ils étaient attachés au poteau ; et vous avez osé les soustraire au coup fatal, et les mettre en liberté ! Sans doute cette croix que vous aviez fait dresser pour des esclaves condamnés, vous la réserviez pour des citoyens romains qui n’avaient pas été jugés. On voit des