Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/313

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vous à qui il ne s’en présente en foule, et qui ne lui démontre que le droit ne dépend pas absolument des mots, mais que les mots n’ont été inventés que pour exprimer les sentimens et les pensées des hommes ? Cette vérité a été démontrée avec autant d’éclat que d’abondance, par le plus éloquent des orateurs, L. Crassus, dans une cause portée devant les centumvirs (37). Je n’avais pas encore paru au barreau. Cet orateur avait pour adversaire le savant jurisconsulte Q. Mucius (38) ; cependant il prouva sans peine à tout le monde que Man. Curius, institué héritier dans le cas de la mort d’un fils posthume, devait jouir de cet avantage, quoique le fils dont il s’agissait ne fût pas mort, et même qu’il ne fût pas né. Les expressions du testament faisaient-elle assez clairement entendre ce sens ? Non, sans doute. Qu’est-ce donc qui prévalut dans cette cause ? L’intention du testateur. Aurions-nous besoin de paroles, si nous pouvions expliquer nos volontés sans leur secours ? Or, les mots étant indispensables, ils ont été créés, non pour contrarier, mais pour exprimer nos intentions (39).

XIX. La loi fixe à deux ans la prescription (40) pour une terre ; la même disposition s’applique aux maisons, bien que la loi n’en fasse pas mention. Cependant la même règle leur est appliquée. Elle permet, dans le cas où le chemin est impraticable, de conduire ses bêtes de somme par où l’on veut. Faut-il entendre par là que, si le chemin est impraticable dans le Brutium, la loi permet de faire passer ses bêtes de somme par la terre de M. Scaurus, située dans le territoire de Tusculum ? L’action permise contre le vendeur présent est conçue en ces termes : Puisque je vous aperçois dans ce tribunal (41). Cette action serait donc refusée à l’illustre Appius, l’aveugle (42), si l’on s’at-