Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/319

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claves, tout aussi bien que si je l’avais été par tous vos esclaves réunis. Ce n’est pas qu’il faille voir tous les esclaves dans un seul esclave, mais c’est qu’on examine l’action, et non les termes. Il y a plus : afin de m’éloigner des mots encore davantage, sans pour cela même perdre de vue la chose, supposé qu’il n’y eût eu aucun de vos propres esclaves, mais uniquement des esclaves étrangers et gagés par vous, ceux-ci seront pourtant considérés comme appartenant à votre maison.

XXI. Mais continuons l’examen de l’ordonnance qui porte : avec des hommes rassemblés à dessein (47). Je veux que vous ne les ayez pas fait venir expressément, qu’ils soient venus d’eux-mêmes ; toujours est-il vrai que celui qui a convoqué, réuni des hommes, les a fait venir à dessein, et que ceux qui ont été réunis en un même lieu se trouvent dans ce cas. S’ils n’étaient pas même venus, si c’étaient des hommes qui, étrangers à toute entreprise violente, eussent habituellement résidé à la campagne pour cultiver la terre ou garder des troupeaux, vous soutiendriez qu’ils n’ont pas été rassemblés à dessein, et, d’après mon jugement même, vous auriez gain de cause pour le mot ; mais, pour le fond de la chose, votre défense ne serait admise devant aucun tribunal. Les auteurs de l’ordonnance ont voulu la réparation de la violence commise par tout attroupement en général, et non pas seulement par une multitude rassemblée. Mais, attendu qu’on ne rassemble des hommes que là où l’on a besoin d’un attroupement, il est, pour cette raison, fait mention d’hommes rassemblés dans l’ordonnance provisionnelle, laquelle, toute différente qu’elle semble quant aux termes, est pourtant la même quant au fond, et gardera toujours la même force tant que la chose ne variera pas.