Aller au contenu

Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/353

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que cette possession n’était ni violente, ni frauduleuse, ni précaire (361). Voilà pourquoi l’homme qui décline l’application de l’ordonnance, publie hautement d’ordinaire qu’il a chassé avec violence, mais en ajoutant : On n’était pas en possession ; et, lors même qu’il accorde ce point, il ne laisse pas d’avoir gain de cause, s’il prouve clairement que l’homme qu’il a chassé était en possession ou par force, ou frauduleusement, ou précairement. Ne voyez-vous pas, juges, combien nos ancêtres ont fourni de moyens de défense à celui qui a fait violence, mais sans armes et sans une troupe rassemblée ? Quant à celui qui, abjurant le droit, les formes, les sages coutumes, a recours au fer, aux armes, au meurtre, il se voit, dans sa cause, abandonné, dépourvu de tout moyen de défense, afin que, pour avoir disputé une possession par la force des armes, il se trouve absolument désarmé quand il se défend devant les tribunaux. Quelle différence, Pison, trouvez-vous donc entre les deux ordonnances dont je parle, entre l’omission et l’addition de ces mots : Si A. Cécina était en possession, ou s’il n’y était pas ? Les règles du droit, la diversité des ordonnances, l’autorité de nos ancêtres, n’ont-elles rien qui puisse vous ébranler ? Si la clause de la possession eût été ajoutée, il aurait fallu l’examiner : elle n’a pas été ajoutée ; exigerez-vous toujours cet examen ? Au reste, ce n’est point là-dessus que je fonde la défense de Cécina. Juges, il était en possession ; et, bien que cette question soit étrangère à la cause, je veux néanmoins la traiter en peu de mots, afin de vous engager à protéger autant la personne même que le droit civil.

Césennia jouissait d’une possession usufruitière ; vous ne le niez point, Ébutius. Le même fermier à qui Césennia avait loué ce fonds, l’ayant conservé après la mort de cette