Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/357

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fois perdu, la liberté ne peut être conservée. Comment, en effet, être libre par le droit des Quirites (67), si l’on n’est pas compté parmi ceux qui portent ce titre ? J’ai, dans ma première jeunesse, discuté victorieusement ce point de droit, quoique j’eusse pour adversaire l’homme le plus éloquent de notre ville, le jurisconsulte Cotta (68). Je défendais la liberté d’une femme d’Arretium. Cotta avait inspiré des doutes aux décemvirs (69) touchant la validité de notre action ; il se fondait sur ce que les Arrétins avaient été dépouillés du droit de cité. Je soutenais avec chaleur qu’ils n’avaient pu l’être. Les décemvirs, n’ayant rien décidé dans une première audience, prononcèrent ensuite, après une délibération mûre et réfléchie, la validité de notre réclamation (70). Cette décision fut rendue malgré l’opposition de Cotta et du vivant de Sylla. Pourquoi citer d’autres exemples, s’il est vrai que tous ceux qui sont dans le même cas agissent en vertu des lois, et procèdent en justice sans qu’il soit magistrat, ni juge, ni homme instruit ou ignorant, qui songe à les troubler dans l’exercice de leur droit de citoyens ? Ce fait n’est douteux pour aucun de vous. Voici, Pison, une objection qui vous a sûrement échappé. On demande quelquefois, si le droit de cité ne peut se perdre, pourquoi l’on a vu souvent nos citoyens partir pour les colonies latines (71) ? C’est de leur propre mouvement qu’ils s’y rendent, ou pour se soustraire à quelque peine légale. S’ils eussent consenti à la subir, ils auraient pu conserver dans Rome leur domicile et leur droit de cité.

XXXIV. Et celui qui a été livré par le chef des féciaux (72) celui qui a été vendu par son père ou par le peuple, comment perd-il son droit de citoyen ? C’est pour affranchir la ville d’un engagement solennel, qu’on livre un citoyen