Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/37

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la plus haute distinction, le censeur Cn. Lentulus, qui, plein d’estime pour Matrinius, vous a écrit et fait écrire en sa faveur dès le commencement de l’affaire.

Votre conduite envers un citoyen de Panorme, Apollonius (13), fils de Dioclès, et surnommé Geminus, peut-elle être passée sous silence ? Quoi de plus connu dans toute la Sicile ? quoi de plus révoltant, de plus avéré ? À peine Verrès était-il entré dans Panorme, que, montant sur son tribunal, il lance un mandat contre Apollonius, et ordonne qu’il soit amené à la vue de la foule immense qui courait la place. Cet ordre excite un murmure confus : on s’étonnait qu’Apollonius, avec tout son argent, eût échappé si long-temps à l’avidité du préteur. Il faut, disait-on, que Verrès ait réfléchi, qu’il ait imaginé quelque nouveau prétexte ; car ce n’est assurément pas sans dessein qu’un riche propriétaire se voit cité si brusquement. On attendait le dénouement avec impatience, lorsque soudain Apollonius, hors d’haleine, accourt avec son fils adolescent ; car son père, accablé de vieillesse, était retenu au lit depuis long-temps. Le préteur lui nomme un esclave qu’il prétend être l’inspecteur de ses troupeaux. C’est, dit-il, un conspirateur ; il a soulevé plusieurs bagnes d’esclaves. Or l’esclave en question n’existait point dans l’habitation. N’importe ; il faut le livrer sur-le-champ. Apollonius proteste qu’il n’a chez lui aucun esclave de ce nom. — Qu’on arrache cet homme du tribunal, qu’on le jette dans un cachot. On entraîne le malheureux : lui de crier qu’il n’a rien fait, qu’il est innocent, qu’il n’a que des billets à sa disposition, que, pour le moment, il n’a point d’argent comptant. Comme il parlait ainsi au milieu d’une foule innombrable, de manière à faire com-