Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/39

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prendre à tous que c’était pour n’avoir pas donné d’argent qu’on le traitait avec tant d’indignité ; oui, je le répète, comme il criait de toutes ses forces qu’il n’avait pas d’argent, ce fut alors qu’on le chargea de fers.

VIII. Remarquez combien est conséquente (14) la conduite du préteur, de ce préteur qu’on ne se borne pas à défendre comme un magistrat ordinaire, mais qu’on vante comme un général accompli. Dans un temps où l’on craignait une insurrection de la part des esclaves, il sévissait contre les maîtres sans les avoir jugés, et faisait grâce aux esclaves qu’il avait condamnés. Un riche propriétaire qui aurait perdu sa fortune si les fugitifs avaient allumé la guerre en Sicile, Apollonius, sous prétexte d’une guerre préparée par les fugitifs, s’est vu mettre aux fers, sans avoir pu rien dire pour sa défense ; et des esclaves que lui-même, d’accord avec son conseil, avait déclarés coupables de s’être concertés pour faire la guerre, Verrès, sans reprendre les avis de son conseil, de son propre mouvement, les a tous acquittés.

Mais si Apollonius avait commis quelque faute qui en effet méritât d’être punie, ferais-je un crime au préteur de l’avoir jugé trop sévèrement ? Non ; je ne serai pas si rigoureux ; non, je n’irai point, ainsi que les accusateurs le font d’ordinaire, calomnier la clémence et la taxer de faiblesse ; je ne chercherai point, Verrès, à vous rendre odieux, en présentant un acte de sévérité comme un trait de barbarie. Non, je respecterai vos arrêts, je maintiendrai votre autorité autant que vous le voudrez. Mais, lorsqu’il vous plaira d’annuler vos propres actes, ne trouvez point mauvais que je n’en tienne aucun compte ; car alors j’aurai le droit de prétendre que ce-