Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/41

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lui qui a prononcé lui-même sa condamnation, doit être, à plus forte raison, condamné par les juges que leur serment oblige à ne consulter que l’équité dans leurs sentences.

Je ne défendrai point la cause d’Apollonius, quoiqu’il soit mon hôte et mon ami, de peur d’être accusé de m’élever contre vos décisions ; je ne dirai rien de sa frugalité, de sa probité, de son activité ; je n’insisterai pas sur une observation que j’ai déjà faite ; c’est que sa fortune consistant en esclaves, en troupeaux, en métairies, en obligations, personne n’était plus intéressé que lui à ce qu’il n’y eût en Sicile aucune insurrection, aucune espèce de guerre ; je ne dirai pas qu’Apollonius, eût-il été coupable, un homme si considéré dans une ville qui jouit elle-même d’une si haute considération, ne devait pas être puni avec tant de rigueur, sans avoir été entendu. Je ne chercherai pas à exciter contre vous l’indignation publique, en rappelant que, lorsqu’un citoyen de ce caractère était plongé dans un cachot, dans les ténèbres, dans la fange, dans les immondices, vos ordres tyranniques ne permirent ni à son père déjà courbé sous le poids des ans, ni à son fils encore dans la fleur de l’âge, d’aller le consoler du moins par leur présence ; je ne dirai pas même que toutes les fois que vous êtes venu à Panorme dans le cours de cette année, et pendant les six premiers mois de l’année suivante, car la captivité d’Apollonius n’a pas duré moins long-temps, le sénat de Panorme s’est présenté devant vous en habits de deuil, avec les magistrats et les ministres de la religion ’5, pour vous prier, vous conjurer de mettre enfin un terme aux souffrances de leur concitoyen malheureux et innocent. Je n’entrerai point dans tous ces détails, qui, si je voulais