Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/65

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mures du sénat assemblé dans le temple de Bellone (37) ?  ! Vous vous en souvenez, juges. La nuit approchait, et l’on venait d’apprendre la malheureuse affaire de Temsa. Comme il ne se trouvait à Rome aucun général qu’on pût y envoyer, un des membres représenta que Verrès n’était pas loin de cette place. Quelle huée universelle ! avec quelle indignation s’exprimèrent les chefs du sénat ! Vous ne l’avez pas oublié, juges ; et cet homme, convaincu de tant de crimes par un si grand nombre de témoignages, ose compter sur les suffrages de ceux qui, même avant l’instruction du procès, l’ont condamné publiquement d’une voix unanime !

XVII. Eh bien ! soit, me dira-t-on, la guerre des esclaves, ou, si vous le voulez, la crainte qu’on pouvait en avoir, n’a point été pour Verrès un titre de gloire. Il n’y a point eu de guerre de cette espèce en Sicile ; la province n’en a pas été même menacée ; il n’a été pris aucune mesure pour la prévenir. Mais la guerre des pirates ! C’est là qu’il a su tenir en mer une flotte parfaitement équipée, et signaler une activité toute particulière : aussi l’on peut dire que, sous sa préture, la province a été admirablement défendue. Parlons donc de la guerre des pirates (38) et de la flotte sicilienne. Je puis, juges, assurer d’avance que, dans cette seule partie de son administration, vous le trouverez coupable des crimes les plus révoltans, avarice, lèse-majesté, fureur, débauche, cruauté. Je vais faire passer rapidement tous ses attentats sous vos yeux. Continuez-moi, je vous prie, votre attention.

Et d’abord, dans l’administration de la marine, il s’est proposé moins la défense de la province que d’amasser de l’argent, sous prétexte d’équiper une flotte. Tous vos