Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/81

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magistrats. Ils comprirent alors qu’ils ne pouvaient conserver plus long-temps un privilège qu’ils avaient acheté d’un mauvais garant.

XXII. Dites-nous donc, vous qui voulez vous faire passer pour le plus religieux observateur des traités, dites-nous pourquoi vous avez exigé une contribution de blé des ïaurominiens et des Nétiniens, qui sont aussi nos confédérés ? Les Nétiniens ne s’étaient cependant pas oubliés : dès que vous eûtes prononcé que vous faisiez volontiers la remise aux Mamertins, ils vinrent vous trouver, et vous représentèrent que les conditions de leur traité leur donnaient les mêmes droits. La cause étant la même, votre décision ne pouvait être différente. Aussi prononçâtes-vous que les Nétiniens ne devaient pas fournir de blé, et cependant vous les y avez obligés. Lisez les registres du préteur, et particulièrement les articles de ses ordonnances concernant le blé exigé et le froment acheté. Ordonnance de Verrès concernant le blé exigé et le blé acheté. Que pouvons-nous penser d’une contradiction si manifeste et si honteuse ? Ne sommes-nous pas forcés d’en conclure ou que les Nétiniens ne lui ont pas délivré la somme qu’il leur avait demandée, ou qu’il a voulu que les Mamertins sentissent combien ils étaient heureux d’avoir si bien placé leur argent et leurs présens, puisque d’autres, avec les mêmes droits, n’avaient pas obtenu la même faveur ?

Et il osera encore se prévaloir de l’éloge des Mamertins ! Qui de vous, juges, ne voit quelles armes terribles cet éloge même fournit contre lui ? D’abord, lorsqu’un accusé ne peut produire devant les tribunaux le témoignage favorable des villes, il est plus honorable pour lui de n’en présenter aucun que de ne pas compléter le nom-