Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bre prescrit par l’usage (49). Or, de tant de villes dans la Sicile où vous avez commandé pendant trois ans, la plupart vous accusent ; quelques unes, et ce sont les moins considérables, se taisent, retenues par la crainte ; une seule vous loue : que faut-il en conclure ? Que vous sentez combien des louanges méritées vous seraient avantageuses, mais que vous avez gouverné votre province de manière à renoncer nécessairement à cette ressource.

Ensuite, et je l’ai déjà dit, que penser de l’éloge d’une députation dont les chefs ont déclaré que leur ville vous a fait à ses frais construire un vaisseau, et qu’eux-mêmes se sont vus individuellement dépouillés (50) de tout ce qui leur appartenait ? Enfin, lorsque, seuls de tous les Siciliens, les Mamertins se montrent vos apologistes, que font-ils autre chose que rendre témoignage de toutes les faveurs que vous leur avez prodiguées aux dépens de la république ? Est-il en Italie une colonie, quelque privilégiée qu’elle soit ; est-il un seul municipe (51), de quelques exemptions qu’il jouisse, qui, de nos jours, ait été aussi généralement affranchi de toute redevance que la ville de Messine pendant les trois années de votre préture ? Seuls, tant qu’il a été préteur, les Mamertins n’ont point rempli les conditions de leur traité ; seuls ils n’ont payé aucun impôt, seuls ils ont eu le privilège de ne rien donner au peuple romain : aussi n’ont-ils rien refusé à Verrès.

XXIII. Mais, pour en revenir à la flotte, dont nous nous sommes éloignés trop long-temps, vous avez reçu des Mamertins un vaisseau, au mépris des lois. Au mépris des traités, vous les avez dispensés de fournir celui qu’ils devaient. Ainsi, vous vous êtes rendu doublement prévaricateur à l’égard d’une seule ville ; d’abord en lui fai-