Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/85

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sant une remise illégale, puis en acceptant un présent illicite. Vous deviez exiger d’elle un vaisseau pour faire la guerre aux pirates, et non pas pour le charger du fruit de vos pirateries ; pour empêcher la province d’être dépouillée, et non pour enlever les dépouilles de la province. Non-seulement les Mamertins vous ont ouvert leur ville afin que de toutes parts vous y transportassiez vos rapines, ils vous ont encore donné un vaisseau pour les emporter. Oui, c’est dans leur ville que vous avez déposé votre proie ; ce sont eux qui ont vu et gardé vos larcins, eux qui les ont recelés, eux qui vous en ont facilité le transport. Aussi, lorsque vous eûtes perdu notre flotte par votre avarice et par votre lâcheté, n’osâtes-vous exiger des Mamertins leurs contributions, quoique la province se trouvât presque sans marine, et qu’elle fût réduite à une telle détresse, que, si vous l’aviez demandée, vous l’auriez sans doute obtenue. Mais vous n’aviez plus le droit d’ordonner, ni la ressource de prier, depuis qu’au lieu de s’acquitter envers le peuple romain en lui fournissant une trirème, ils avaient fait présent du Cybée au préteur. Tel fut le prix de la souveraineté du peuple romain, de nos subsides, de nos droits, consacrés par l’usage et par les traités ! Vous savez, juges, comment les importans subsides d’une grande cité ont été perdus pour l’état, et vendus au profit de Verrès. Apprenez maintenant un nouveau genre de brigandage, dont l’invention lui appartient.

XXIV. Il était d’usage que les fonds nécessaires pour les vivres, la paie des soldats, et pour d’autres dépenses de cette nature, fussent remis par chaque ville au capitaine de son vaisseau. Ce commandant se gardait bien d’en rien distraire, de peur de s’exposer aux plaintes de l’équipage ; il était d’ailleurs tenu de rendre compte à ses concitoyens ;