Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/87

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et dans toute cette affaire il n’en était que pour sa peine et pour sa responsabilité. Cet usage, je l’ai dit, s’était toujours observé non-seulement en Sicile, mais dans toutes nos autres provinces. Il en était de même pour la solde et l’entretien des alliés et des Latins, quand nous les employions comme auxiliaires (52). Verrès est le premier, depuis la fondation de l’empire, qui ait voulu que cet argent lui fût remis par les villes, et qui se soit permis d’en donner la disposition à qui bon lui semblait. On voit clairement pourquoi vous avez changé, le premier, une coutume aussi ancienne que générale ; pourquoi vous avez renoncé à l’avantage si précieux de n’encourir aucune responsabilité de deniers publics ; pourquoi vous vous êtes chargé d’une administration embarrassante et pénible, et qui ne peut exposer qu’à des reproches et à des soupçons. Et calculez, juges, combien d’autres profits il a dû tirer de cette seule branche d’administration maritime ! Recevoir de l’argent des villes pour les dispenser de fournir des matelots, vendre des congés à prix fixe aux matelots enrôlés, s’approprier leur solde après leur licenciement, enfin ne point payer celle qui était due aux autres. Ces faits, vous allez en trouver la preuve dans les dépositions des villes. Greffier, lisez. Dépositions des villes.

XXV. Quel homme, grands dieux ! quelle impudence ! quelle audace ! Non-seulement taxer les villes en raison du nombre de soldats, mais exiger, comme un prix fixe, six cents sesterces (53) pour le congé de chaque matelot ! Tous ceux qui les avaient payés étaient quittes de tout service pendant la campagne, et ce que le préteur avait reçu pour subvenir à leur solde et à leur nourriture tournait à son profit : d’où il suit qu’il faisait un double gain sur chaque matelot licencié. Il faut ajouter que