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CICÉRON.

nous embrassions un fantôme, où l'image de la vertu n'est point empreinte, mais où celle de Ja gloire est grossièrement imitée ? La gloire demande la solidité jointe a l'éclat ; sans quoi ce n'en est que l'ombre. Elle consiste dans les louanges que les gens de bien et les gens sensés donnent à une vertu non commune, et qu'ils lui donnent hautement, unanimement, sans intérêt. Elle est, pour ainsi dire, l'écho de la vertu ; et comme elle accompagne d'ordinaire les bonnes actions, il ne faut point que les honnêtes gens la rejettent. Mais eette autre espèce de gloire, qui contrefait la véritable j'entends cette approbation téméraire et inconsidérée du peuple, qui applaudit le plus souvent au vice) cette fausse gloire, dis-je, défigure l'honneur, en affectant de lui ressembler. De la vient l'aveuglement de ces hommes qui auraient bien voulu se porter à quelque chose de grand, mais qui, ne connaissant ni le chemin de la vraie gloire, ni en quoi elle consiste, sont devenus les destructeurs de leur patrie, ou se sont perdus eux-mêmes. Puisqu'ils avaient cependant l'honneur pour objet, ils semblent s'être moins égarés par une erreur volontaire, que pour s'être mépris de route. D'autres qui se laissent emporter à une avarice sordide, ou au débordement des voluptés, et dont les égarements approchent assez de la folie, pourquoi ne pas entreprendre de les guérir ? Serait-ce parce que les maladies de l'âme sont moins nuisibles que celles du corps : ou parce qu'on peut rendre la santé au corps, et qu'on ne peut la rendre à l'âme ?

III. Pour moi, je trouve que les maladies de l'âme sont, et plus dangereuses, et en plus grand nombre, que celles du corps. Ce qu'il y a même


natura maxime inquirit, in summa inanitate versatur, con- sec taturque nullam eminentem effigiem virtutis, sed adum- j bratam imaginem gloriœ. Est enim gloria, solida qusedam res, et expressa, non adumbrata. Ea est consentiens laus ! boDorom, incorrnpta vox l>ene jadicantiom de excellente ! ^irtutc. Ea Tirtati resonat, tamquam imago. Qnae quia rect. m plerumqne cornes est, non est bonis iris repodianda. (lia aatem, quae se ejns imitalricem esse vult, tf-meraria, al^ 11 '* înconsiderata, et plerumqne peccatornm vitionnnqu.- landatrix, fama popularis, simalatione bone- I Mntis Connain ejus, pulcbriludiuemque corrumpit. Qua « ccilate hommes, cum quœdam etiam prœclaracuperent, caque nescirent nec ubi, Dec qualia essent, iunditas alii evertenmt suas civitates ; alii ipsi occiderunt. Atqne lii qiiidern optima petentes, non tam voluntate, quam cursus errore falbmtur. Qaid ? qui pecuniae capiditate, qni vo- luptaturn libkliae feruntnr, qnoramque ita perturbanlur animi, ut non mattam absint abinsania.quod insipientibus contmgit omnibus : bis nullane est adhibeoda curatio ? Utram, qood niinus noceant animi segrolationes, quam tfirx, Ty,? an qood corpora curari possint, animorum me- dicina nulla sit ? III. At et morbi perniciosiores, pluresqne snnt animi, quam corporis : bi enim ipsi odiosi sont, qiiod ad aniinuni


de plus fâcheux dans ces dernières, c'est qu'en attaquant l'âme, elles en troublent la tranquillité, et que, comme dit Ennius, quand on a l'esprit malade,

Rongé d'impatience, on pousse des soupirs ;
On s'égare, on se perd en d'éternels désirs.

Voilà ce qui arrive quand on se livre au chagrin, ou à l'ambition : deux maladies de l'âme, qui, sans parler des autres, valent les plus violentes, dont le corps puisse être attaqué. Et puisque l'âme a bien trouvé le secret de guérir le corps, est-il croyable qu'elle ne puisse pas aussi se guérir elle-même ? D'autant plus que la guérison du corps dépend souvent de sa constitution, et que l'art du médecin n'est pas toujours garant du succès : au lieu que tout esprit, qui aura vraiment envie de se guérir, et qui obéira aux préceptes des sages, réussira infailliblement. Oui sans doute la philosophie est la vraie médecine de l'âme : nous n'avons point à chercher hors de nous-mêmes ses remèdes, comme ceux qui agissent sur le corps : il faut seulement, pour nous les rendre salutaires, ne rien négliger de ce qui dépend de nous. Mais ne faisons point ici l'éloge de la philosophie en général. Je crois avoir dit assez dans mon Hortensius, combien elle méritait d'être cultivée. Depuis que cet ouvrage est public, je n'ai presque pas cessé de parler et d'écrire sur ce qu'elle nous enseigne de plus important. Celui-ci est le compte que je rends des questions agitées entre quelques amis et moi dans ma maison de Tusculum. La mort et la douleur ont fait le sujet de nos deux premières conférences. J'en suis présentement à la troisième. Un peu après le milieu du jour, étant descendu dans mon Académie avec mes amis, je deman-

perlinent, eumque sollicitant ; animusque œger, ut ait Ennius,

.... seraper errât, neque pati, neque perpeti

polis est.

Cupere nnnquam desinit. Quibusduobus morbis (ut omit-

tam alios) aegritudine et cupiditate, qui tandem possunt in < 01 pore esse graviores ? Qui vero probari potest, ul sibi mederi animus non possit, cum ipsain medicinam corpo- ris animus invenerit : cumque ad corporum sanalionem mullum ipsa corpora, et nalnra valeant : nec omnes, qui curari se passi sunt, continuo etiam convalcscant : animi autein, qui sanari voluerint, prœceptisque sapientium paruerint, sine ulla dubitatione sanentur ? Est profecto animi medicina philosophia : enjus auxiliura non, ut in corporis morbis, petendumest foris : omnibusque opibus, viribnsque, ut nosmetipsi nobis mederi possimus, elabo- randum est. Quanquam de unirersa philosophia, qnanto- pere et expetenda esset, et colenda, salis, nt arbitror, dietnm est in Hortensio. De maximis aulem rébus niliil 1ère intermisimus postea nec disputare, nec scribere. liis autem libris exposita sunt ea, quœ a nebis cum familiari- bus nostris in Tusculano erant dispulata. Sed quoniam duobus snperioribus de morte, et de dolore dictum est, teitius dies disputationis lioc lertium volumen officiel. Ul