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Page:Cicéron - Œuvres complètes Nisard 1864 tome 4.djvu/141

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DE LA NATURE DES DIEUX, LIV. II.

la lumière qu’elle communique à la terre, elle l’emprunte de lui ; et, à mesure qu’elle s’en trouve plus ou moins éloignée, sa lumière augmente ou diminue. Quand elle se rencontre sous le soleil, et vis-à-vis, il en perd l’éclat de ses rayons : mais quand la terre s’interpose entre la lune et le soleil directement, la lune elle-même s’éclipse tout à coup. À l’égard des autres planètes, elles suivent aussi le zodiaque, se lèvent et se couchent de la même sorte, tantôt marchent avec vitesse, tantôt avec lenteur, souvent même font des pauses. Point de spectacle plus étonnant ni plus beau. Il y a ensuite une prodigieuse quantité d’étoiles fixes, qu’on a distinguées par les noms de certaines figures qui nous étaient connues, et dont elles avaient la ressemblance.

XLI. Ici Balbus jetant les yeux sur moi : Je vais, dit-il, me servir des vers que vous avez, étant tout jeune, traduits d’Aratus ; et qui, parce qu’ils sont latins, me plaisent si fort, que j’en sais un grand nombre par cœur. Comme donc nous le voyons de nos yeux, sans que cela varie jamais en rien, « les autres étoiles ont un cours rapide, et se meuvent les nuits et les jours avec le ciel. » Quiconque se plaît à étudier la constance de la nature, jamais ne se lasse de les contempler. « On a nommé pôles les deux extrémités de l’axe sur lequel tourne le globe du monde. » Autour de notre pôle sont les deux Ourses, qui se voient durant toutes les nuits : la grande, avec ses étoiles fort brillantes : la petite, avec pareil nombre d’étoiles, rangées dans le même ordre, que celles de la grande. « Quoique la grande soit la plus lumineuse, et qu’elle paraisse dès l’entrée de la nuit, c’est pourtant sur la petite que les matelots de Phénicie se règlent dans les ténèbres, parce que le cercle qu’elle décrit est d’une moindre étendue. »

XLII. Pour rendre l’aspect de ces étoiles plus merveilleux, « au milieu d’elles, semblable au cours sinueux d’une rivière, serpente un terrible dragon, qui de tous côtés fait des plis et des replis de son corps. » Il est beau d’un bout à l’autre ; mais ce qu’il y a de plus remarquable, c’est la forme de sa tête, et l’ardeur qui étincelle dans ses yeux. « On lui voit non-seulement une étoile à la tête, mais une à chaque tempe, une à chaque œil, une au menton. Vous diriez qu’il tourne le cou, et qu’il penche la tête, pour regarder la queue de la grande Ourse. » Tant que la nuit dure, tout son corps paraît ; « mais lorsqu’il descend sous l’horizon, un peu de sa tête se cache subitement, au même degré qu’il s’était levé. » Près de cette tête « se voit la figure d’un homme triste, accablé de lassitude, et s’appuyant sur les genoux. Une éclatante couronne paraît » au dos de cette figure. Vis-à-vis de sa tête, est le Serpentaire. « De ses deux mains il saisit un serpent, qui le saisit lui-même à la ceinture, et lui entoure tout le corps. Il se tient ferme pourtant,