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Page:Cicéron - Œuvres complètes Nisard 1864 tome 4.djvu/148

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CICÉRON.

monde, avec tout ce qu’il contient, a été fait pour les Dieux et pour les hommes. Mais on comprendra encore mieux que les hommes y ont beaucoup de part, quand on verra de quelle forme, de quelle perfection est la structure du corps humain.

LIV. Pour vivre il faut trois choses à l’animal : manger, boire, respirer. Or la bouche est très propre à toutes ces opérations. Elle attire par le moyen des narines encore une plus grande quantité d’air. Les dents y sont arrangées pour mâcher, amenuiser et broyer l’aliment. Celles de devant, qui sont aiguës, le mettent en morceaux ; les mâchelières, qui sont celles du fond, le triturent ; à quoi la langue, ce semble, leur est aussi de quelque secours. Aux racines de la langue tient l’œsophage, où tombe d’abord ce qui est avalé. Il touche de part et d’autre les amygdales, et se termine à l’extrémité intérieure du palais. Quand les mouvements de la langue ont fait passer l’aliment jusque dans ce canal, il le fait descendre plus bas : et pendant que l’aliment descend, les parties de l’œsophage qui sont au-dessous s’élargissent ; celles qui sont au-dessus se resserrent. Un autre canal, que les médecins appellent trachée artère, s’étend aux poumons, pour servir à l’entrée et à la sortie de l’air que l’on respire. Et comme il a son orifice joignant les racines de la langue, un peu au-dessus de l’endroit où est attaché l’œsophage, il a fallu que cet orifice fût muni d’une espèce de couvercle, de peur que s’il venait à y tomber de l’aliment qu’on avale, le passage de la respiration ne fût bouché. Comme l’estomac, placé sous l’œsophage, reçoit le boire et le manger : aussi les poumons et le cœur attirent-ils l’air de dehors. C’est une admirable structure que celle de l’estomac. Il est presque tout nerveux plusieurs membranes le composent ; et les fibres qui en font le tissu vont en tournoyant. Il retient, pour donner lieu à la digestion, ce qu’il reçoit de solide et de liquide. Il se resserre et se dilate selon le besoin. Il rassemble les aliments, il les mêle et les confond, afin que tout étant cuit sans peine et digéré par sa chaleur, qui est grande, et par la vertu des esprits animaux, la distribution s’en fasse dans le reste du corps.

LV. Quant aux poumons, leur substance rare, molle, fort semblable à celle des éponges, les rend très-propres à la respiration. Ils se resserrent pour rejeter l’air qu’ils ont attiré, et alternativement ils se dilatent pour en attirer de nouveau, afin que l’air, qui est un des principaux aliments de l’animal, soit toujours frais. Le suc nourricier étant séparé du reste de l’aliment, passe des intestins et du ventricule au foie, par des conduits qui aboutissent du mésentère aux portes du foie. C’est ainsi qu’on appelle les vaisseaux qui sont à l’entrée de ce viscère. De là il y a d’autres conduits par où la nourriture, au sortir du foie, est portée ailleurs. Quand la bile et les humeurs qui coulent des reins ont été séparées de cette nourriture, le reste se tourne en sang, et vient se rendre à ces mêmes vaisseaux de l’entrée du foie, d’où partent tous les conduits de ce viscère, destinés à porter le chyle dans la veine appelée cave. Là se réunit le chyle, qui, tout formé, passe au cœur, et du cœur se distribue par quantité de veines dans tout le reste du corps. Quoiqu’il fût