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Page:Cicéron - Œuvres complètes Nisard 1864 tome 4.djvu/20

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CICÉRON.

et il faut ensuite nous rappeler des idées riantes. Car il croit que l’âme peut obéir a la raison, et se laisser conduire par elle. Or elle nous défend d’envisager aucun objet fâcheux ; elle nous arrache a toute pensée triste : et après nous avoir tires de là, elle nous offre l’image du plaisir ; elle nous invite à nous en occuper entièrement, parce que le Sage doit sans cesse, dit Épicure, se partager entre le souvenir des plaisirs qu’il a goûtés, et l’espérance de ceux qu’il attend. Voilà ce que pensent ses disciples. Je m’explique à ma façon : eux, à la leur. Mais il s’agit de leur opinion, et non de leurs termes.

XVI. Premièrement, ils ont tort de blâmer la prévoyance de l’avenir. Rien n’est plus propre à émousser la pointe de l’affliction, que de penser sans cesse qu’il n’y a rien qui ne puisse arriver ; que de méditer sur la condition de l’humanité, et sur la nécessité d’obéir à la loi que nous avons reçue avec la vie. L’effet de ces réflexions est moins de nous causer de la tristesse que de nous en préserver. Car dépenser sérieusement à la nature des choses, aux vicissitudes de la vie, et à la faiblesse de l’homme, ce n’est point s’attrister, c’est remplir les véritables fonctions de la sagesse. Par la et l’on atteint au vrai but de la philosophie qui est de réfléchir sur les choses humaines, et l’on se ménage trois moyens de consolation dans l’adversité. Car en premier lieu on se met bien dans l’esprit que toutes choses peuvent arriver ; et il n’y a point de réflexion plus capable que celle-là, d’amortir le coup de l’adversité. Secondement, on s’accoutume à prendre en patience les disgrâces humaines. On reconnaît enfin, qu’il n’y a de vrai mal pour l’homme, que celui qu’il doit raisonnablement se reprocher ; et qu’il n’a point de reproches à se faire, lorsqu’il essuie une infortune, dont il n’a pu se garantir. Quant au conseil que nous donne Épicure, d’écarter toute idée fâcheuse, il est nul. Au moment que notre cœur est dévoré par quelque chose qui nous paraît un mal, nous ne sommes pas maîtres de nous le cacher, ni de l’oublier. Ce sont des traits qui nous percent jusqu’au vif. C’est un feu qui nous consument qui ne nous laisse pas respirer. Tu m’ordonnes l’impossible, de n’y pas penser. Tu m’enlèves un remède que je tiens de la nature, contre les douleurs qui vieillissent ; je veux dire, la réflexion et le temps. Remède lent à la vérité, mais efficace. Tu veux qu’oubliant mes maux, je songe à des biens. L’avis serait excellent, et digne d’un grand philosophe, si les biens dont tu parles, étaient ceux qui sont les plus dignes de l’homme.

XVII. Je suppose que c’est, ou Pythagore, ou Socrate, ou Platon, qui me tient ce langage : Pourquoi gémis-tu ? Pourquoi te laisses-tu abattre ? Pourquoi succomber ? Pourquoi céder aux coups de la fortune ? Elle peut bien te harceler, te frapper ; mais elle ne doit point te faire perdre courage. Il y a de grandes ressources dans les vertus. Réveille-les donc, si par hasard elles sont endormies. Voici déjà la première de toutes, le courage, qui te donnera assez de fermeté pour mépriser toute sorte d’accidents. Je vois à sa suite la modération, qui ne te passera rien de méprisable ni de lâche. Or qu’y a-t-il de plus lâche et de plus méprisable qu’un homme ef-

rationi posse, et quo illa ducat, sequi. Votât i^iltir ratio iotaeri molestias : abstratritab acerbis cogitationibrs hebf-u-m adem ad miserias contemplandas : a quibus cum eecioil receplni, hmpellil rursum,el incitât ad conspicien.laqnp mente contrectandas varias voluptates : qui nasille et praeteritarum tnemoria,et spe consequentium sapienlis vitam referlam putat. Haec nostro more nos dixibms. Epicora dicunl suo. Sed, quae dicaot, videamus : quo modo, negligaimis.

XVI. l’r’mri ;ii<> maie reprehendunt praemeditationem renim fuliirarum. Niliil est enim, quoi) tam obtundat, enere’]w sgritudioem, qnam perpétua in omni vilacoeitatio, nihil esse qood aeddere non possîi : qnam meditalio coodhionis bnmanae, qnam vitae lex, commentatioqnf > parendi : qnae non hoc affert, nt semper mœreamus, sed al rmiiqnam. Neqne eaim qui rernm naturam, qui Mt.rvarietatem, qui imbeefllitatèm generis bumani cogitai, movet com barc cogitât, Bed tnm vel maxime sapienti ? r fnndtur n auert. Utrnmque enim conseqnilar, nt et leraadts reboa homanis proprio philosophiae fungatur i, et adversis easibns triplici consolatione sanelnr ; nrimum, quod pone aeddere din cogita verit, qnae eogitatk ) Doa nxime molestias omnes exténuât, et diluit : deôMe, quod humana ferenda intelligit : postremo, qnod ridetBoDon maJaB tmt . nia eulpam ; eulpam autem jmllam esse, cum kl, qnod ab homine non potuerit pra> stari, evenerit. Nam revocalio illa quam affert, cum a contuendis nos malis avocat, nnlla est. Non est enim in nostra potestate, fodicantibus iis rébus, quas malas esse opinemur, dissimulalio, vel oblivio. Lacérant, vexant, stimulos admovent, ignés adbibent, respirare non Binunt. El tn oblivisci jubés, quod contra naturam est ? Qnod a natura datum estj auxilium extorques inveterati doloris ? Est enim tarda illa quidem mediciua, sed tamen magna, quam affert longinquilas, et dies. Jubés me bona cogilare, oblivisci malorum. Diceres aliquid, et magno quidem philosopbo dignum, si ca bona sentires esse, quau essent bomine dignissima.

XVII. Pytbagoras milii si diceret, aut Sociales, aut Plalo : Quidjaces ? aut quid mœres ? aut cur succumhis, cedisque fortunse, quai pervellere le forsitan potuerit, et pungere, non potuiteerte vires frangere. Magna vis est in virtutibus : eas excita, si forte dormiunt. Jam tibiadeiit princeps fortitudo : qu.e te animo tanto esse cogel, ut omnia, quae possinl bomini evenire, contemnas, et pro nibilo i > u t *--. . Aderit temperantia : quae est eadem mod< i atio, a me quidem paulo ante appellata frugalitas, quae te turpiter, el nequiter facere niliil patiatur. Quid esl autem nequius,aul Uirpius effeminato viro ? Ne justitia quidem ginel te ista facere : cui minimum esse videtur in bac causa loci. Quae tamen ita dicet, dupliciter esse le injustum : cum et alicnum appetas, qui mortalis nalus, cou-