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CICÉRON.

et tout à fait enracinée dans l’esprit, par laquelle est chagrin, que l’autre est colère ; mais ce qui on regarde comme très-avantageux ce qui ne ne signifie pas que l’un ait du chagrin actuellel’est nullement. Qu’est-ce que ces mauvaises ment, ni que l’autre soit en colère. Avoir du aversions ? Une manière de penser, bien décidée, chagrin quelquefois, ce n’est pas être un homme et tout a fait enracinée dans l’esprit, par laquelle chagrin : et ceux qui sont chagrins, n’ont pas on regarde comme nuisible ce qui ne Test pas. du chagrin en tout temps. Distinguons entre Or dans l’un et dans l’autre cas, cette manière ivrognerie et ivresse ; entre un homme porte à de penser est d’un homme persuadé qu’il fait ce l’amour, et un homme qui a de l’amour. Il y qu’en effet il ne fait point. On compte, entre les aurait la même distinction à faire par rapport inclinations mauvaises, l’avarice, l’ambition, l’a— à toutes les passions, et a la plupart des vices : mour déréglé des femmes, l’opiniâtreté, la gour— mais nous n’avons pas toujours un mot propre, mandise. l’h ro°nerie, la friandise, et beaucoup qui marque précisément ce qui est acte, habitude, d’autres. Ainsi l’avarice est, Une manière de ou simple disposition. penser, bien décidée, et tout a fait enracinée XIII. Poursuivons. Comme dans le corps il dans l’esprit, par laquelle on regarde l’argent y a des maladies, des infirmités et des vices, comme quelque chose de très-avantageux. Appli— tous les trois peuvent être aussi dans l’âme. Par quez la même définition à tous les autres vices maladie, on entend une altération de tout le de même nature. Pour ce qui est des aversions, corps. Par infirmité, l’affaiblissement de quel prenez le contraire. Vous définirez l’éloignement que partie. Par vice, quelque irrégularité dans pour l’hospitalité, Vne manière de penser, bien la conformation. Toute maladie, toute infirmité décidée, et tout a fait enracinée dans l’esprit, vient de ce que la santé est attaquée : au lieu que par laquelle on regarde un homme qu’on loge le vice de conformation est visible, sans que la chez soi comme quelque chose de nuisible, santé en souffre. Quand on applique ceci à l’âme, Ainsi de la haine pour les femmes, dans Hippo— j on ne peut distinguer autrement que par la penlyte : et de la haine pour ie genre humain, dans sée les maladies d’avec les infirmités. Mais le Timon.

XII. Pour comparer donc enfin les infirmités

spirituelles avec les corporelles, mais plus sobrement que les Stoïciens : remarquons que tel

vice, ou la mauvaise conformation de l’âme est

une qualité, une habitude, qui consiste en ce

qu’on n’a point de règle dans l’esprit, et qu’on

n’est jamais d’accord avec soi-même. Ainsi l’âme

homme est plus sujet qu’un autre à telle mala— j infirme ou malade, est celle qui s’est laissée prédie : ce qui fait qu’on appelle les uns goutteux, j venir de quelque opinion fausse, comme nous les autres catarrheux ; non qu’ils le soient actuel— l’avons expliqué ci-dessus. Et l’âme mal conforlement, mais parce qu’il leur arrive souvent de mée, est celle qui n’a point de confiance, point l’être. Qu’ainsi l’un est sujet à la crainte, l’autre de consistance, point de principes uniformes et a quelque autre passion ; ce qui fait dire que l’un i stables, mais une perpétuelle contrariété de