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INTRODUCTION

Telle a été, croyons-nous, dans ses grandes lignes, l’évolution du sens du mot , au terme de laquelle il s’est trouvé désigner des exécutions et des pièces dramatiques. Mais la coexistence de plusieurs genres ne permit pas d’abord de l’employer seul ; il y avait des dengaku no nô, des sarugaku no nô, des kôwaha no nô, etc. C’est seulement lorsque les autres genres eurent disparu devant le sarugaku triomphant que prévalut définitivement dans le langage courant. Le terme de nôgaku est tout moderne et ne date guère que de l’ère de Meiji.

D’assez bonne heure on trouve aussi le mot utai, souvent sous la forme sino-japonaise yôkyoku, appliqué au nô. Les deux termes ne sont pas absolument synonymes. Tandis que désigne la pièce elle—même dans son ensemble et son exécution, utai désigne directement le genre de chant qui y est employé, et par extension le texte lui-même. Aussi les éditions de ces textes portent-elles toujours le titre d’utai-bon, ou quelque autre forme avec utai ou yôkyoku, jamais avec .


III. — ACTEURS ET RÔLES.


Le nô est essentiellement, et quelque développement qu’il ait pris, une pièce à deux personnages, il serait plus exact de dire à deux rôles, remplis par des acteurs appartenant à deux classes très tranchées, shite et waki, qui constituent des écoles et des genres absolument distincts. Ces rôles ont chacun leurs caractéristiques et leurs formes spéciales, et les acteurs de nô ne les échangent jamais. Autour d’eux se rangent en nombre variable suivant les cas, des comparses charges de rôles