Page:Cinq nô.djvu/56

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

il la realise sont, en général, pauvres, et la forme reste assez seche et un peu raide. Mais ily a de la noblesse ct de la distinction, et tout un art dans ses mouvements compassés.

Né de la danse, le nô ne pouvait pas ne pas donner une importance particulière à la mimique ; les plus anciens auteurs y insistent et entrent en de grands détails a ce sujet. Mais cette mimique, cette oc imitation des choses » (monomane), est épurée, dégagée de tout élément accessoire, idéalisee en quelque sorte, et réduite à sa ligne essentielle. Celle-ci prend alors une importance singuliere et une valeur significative qu’on ne lui aurait pas soupçonnée. Ses moindres inflexions revetent un sens précis; aucune n’est indifférente. Aussi la démarche, les poses, les gestes sont-ils étudiés et tixés avec un soin tel que Seami a recours au dessin, ou pourtant il ne brille pas, et que le faux Kwadensbo se sert meme de figures nues pour en expliquer les détails ; il est tel mouvement dont la situation précise, aujourd’hui encore, diffère suivant les écoles. De cette minutie résulte une mimique assez pauvre, mesurée, hiératique » en quelque sorte, et un peu guindée, très concentrée par contre, et dans laquelle un geste, un mouvement de tête suffit à révéler toute la force d’un sentiment été émouvoir le spectateur averti : ainsi, dans Sbicbiki-ocbi, le dernier regard de Sanehira a son fils, dans Mii-dem et ailleurs celui que la mere abaisse sur son enfant retrouvé en l’attirant a elle de sa main posée sur son épaule ; simple mouvement, par contraste avec la calme solennité ordinaire, prend la puissance d’effet d’un embrassement éperdu et fait couler des larmes dans l’assistance. Tout est prévu et il n’est laissé que le moins possible à la liberté de l’acteur, dont le talent ne s’affirme que dans