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XI

les études, abandonnées ou du moins interrompues pendant de longs intervalles, ne pouvaient se reprendre chez les peuples conquis, qu’après avoir été mises en concordance avec les principes et les opinions religieuses du nouveau gouvernement ; loin de tolérer les doctrines enseignées précédemment, on en persécutait les sectateurs, et la proscription s’étendait sur les ouvrages où il en était question.

Les auteurs arméniens nous ont transmis plusieurs témoignages de cette fureur des conquérans de l’Asie, qui nous ont privé de presque toutes les productions de la littérature orientale. Plusieurs langues autrefois parlées en Afrique et en Asie, l’égyptienne, l’hébraïque véritablement littérale, et d’autres encore sont entièrement perdues. La chaldaïque et la syriaque ne sont plus en usage que dans quelques monastères de l’Asie, et particulièrement au mont Liban. On trouverait difficilement aujourd’hui dans ces vastes contrées un livre en idiome du pays, d’une date antérieure aux derniers changemens de religion qu’on y a éprouvés.

Les mêmes auteurs attribuent à la sainte religion du Christ, cet amour des sciences, ce désir d’instruction qui, plus tard, se développèrent dans toutes les classes de la société ; il est attesté en effet, par tous les écrivains et surtout par les historiens du pays, qu’aussitôt après l’établissement du christianisme dans les deux Arménies et dans toutes les contrées de l’Orient soumises à l’empire Romain, le goût des lettres se répandit, se manifesta partout ; on sentit le besoin d’être éclairé, d’acquérir assez de connaissances pour com-