Page:Clément - La Revanche des communeux.djvu/110

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On a reproché à la Commune d’avoir rendu des décrets qu’elle ne pouvait pas de suite mettre en vigueur, et celui relatif à la conscription est de ce nombre. Cela est vrai.

Nous savions parfaitement que ce décret ne pouvait avoir force de loi dans toute la France, puisque c’est à peine si nous étions maîtres de Paris, mais ce fut moins un décret que nous rendîmes qu’une déclaration de principes que nous voulûmes faire, pour qu’on sût en province, aussi bien qu’à Paris, quel était le but que nous poursuivions.

Et comme pour les loyers, les fameux enquêteurs versaillais, partisans, cela va sans dire, des armées permanentes pour mitrailler le peuple et avoir sous la main des pelotons d’exécution, disent que la Commune a fait appel aux appétits brutaux de ses adhérents en abolissant la conscription.

Cependant nous venions de traverser des événements, d’essuyer des défaites qui ne plaidaient guère en faveur des armées permanentes et prouvaient une fois de plus que nous avions raison de soutenir qu’elles avaient rarement sauvé les patries envahies.

Les bourgeois de 1792 le comprirent si bien, que c’est en déclarant la patrie en danger, en faisant appel aux volontaires et en enrôlant les jeunes gens et jusqu’aux vieillards, qu’ils purent, avec des citoyens improvisés soldats, culbuter et vaincre les armées les plus aguerries et les mieux disciplinées de l’Europe. C’est aussi parce que le peuple se souleva en Allemagne (1806), en Espagne (1809), et en Russie (1813), que ces pays purent repousser l’invasion étrangère.