Page:Clément - La Revanche des communeux.djvu/125

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Quand je dis que nos hésitations produisaient un effet déplorable, je vais en citer une preuve à l’appui.

Le 1er mai, nous reçûmes, à la mairie, quelques gardes nationaux envoyés en délégation par leur bataillon revenu la veille du fort d’Issy, après avoir subi des pertes considérables, que les rapports militaires avaient portées comme toujours au compte des Versaillais.

Le citoyen que les délégués avaient désigné pour prendre la parole en leur nom, était un ouvrier d’une quarantaine d’années, père de cinq enfants et républicain de vieille date. Il avait, à plusieurs reprises, été en prison sous l’empire pour avoir défendu les droits de ses camarades et fait de la propagande antiplébiscitaire. Il s’était battu héroïquement contre les Prussiens ; le 18 Mars, il était au premier rang des défenseurs de la Butte, et sa belle conduite à la sortie du 9 avril, au combat d’Asnières, au fort d’Issy et ailleurs, l’avait fait surnommer l’Intrépide.

C’était du reste par un de ces mots heureux que les fédérés avaient pour coutume de décorer leurs camarades, et j’en connais, qu’aujourd’hui encore, on ne désigne plus que sous le glorieux surnom qu’ils ont gagné sur nos champs de bataille à nous.

— Citoyens, me dit-il, nous sommes délégués auprès des membres de la Commune que nous avons élus à Montmartre, pour leur demander s’ils croient que nous les avons envoyés à l’Hôtel-de-Ville pour y faire des discours, pendant que nous autres, nous nous faisons trouer la peau. Quoi !