Page:Clément - La Revanche des communeux.djvu/154

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tranquilles ou à quitter la capitale si le séjour leur en était insupportable, les honnêtes gens de Versailles arrêtaient à tort et à travers, fouillaient, dévalisaient, maltraitaient et emprisonnaient les gens sur la moindre supposition ou sur un mot sans conséquence prononcé dans un établissement public ou dans la rue.

Des femmes, soupçonnées de colporter des lettres, étaient indignement fouillées, déshabillées et brutalement jetées en prison si elles protestaient contre ces procédés odieux. Il suffisait qu’on fut surpris, lisant un journal de Paris, pour être arrêté, frappé et, non seulement par les argousins et les gendarmes, mais encore par la meute de fuyards, de réacs et de lâches, de viveurs et de fillasses en rupture de tripots et de trottoirs qui noçaient à Versailles et ne trouvaient pas, pour tuer le temps et cuver leur vin, de rigolade comparable à celle de lapider et d’assommer un pauvre diable de communeux ou même un malheureux soupçonné de l’être, si peu que ce fût.

Cela est si vrai, qu’une après-midi, un marchand ambulant, tout-à-fait inoffensif, fut assailli et roué de coups par une bande de petits crevés et de filles en goguette qui hurlaient en l’assommant :

« Il doit en être, il a les cheveux rouges ! »