Page:Clément - La Revanche des communeux.djvu/29

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prend ; mais que les victimes l’accordent, ce serait d’une naïveté par trop évangélique.

Le souvenir de pareilles hécatombes doit, au contraire, se transmettre de père en fils pour préparer la Revanche.

C’est ainsi que les bourgeois de 1789, ont pu venger Étienne Marcel et les bourgeois de 1358.

Mais pour cela, il leur a fallu plus de quatre siècles ; ils ont eu le souvenir tenace et nous les en félicitons : la vapeur et l’électricité aidant, nous serons plus expéditifs.

Est-ce que l’oubli qui équivaudrait à une réconciliation est possible ?

Non. Et ceux qui nous le demandent, pensent, au fond, absolument comme nous.

Est-ce que les proscrits de Décembre, amnistiés par l’Empire, ont oublié en rentrant en France ? Ne disaient-ils pas que malgré l’amnistie rien n’était fait puisque l’Empire était encore debout ?

Est-ce que les prétendants amnistiés par la République ont oublié leur prétendu droit à gouverner la France ?

Puis allez donc parler d’oubli aux mères dont on a tué les enfants ; aux veuves restées seules avec trois ou quatre marmots à nourrir ;aux orphelins qui ont grandi se demandant pourquoi l’on avait tué leur père, et quel crime ils avaient bien pu commettre pour être si abandonnés et si pauvres, alors qu’ils voyaient autour d’eux des enfants de leur âge, caressés et choyés, bien vêtus et bien nourris.

Il faudrait, pour oublier, ne plus avoir ni cœur,