Page:Cléri - Le Crime de la chambre noire, 1915.djvu/29

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La vieille sorcière tourna vers lui son regard méchant :

— Venez-vous ici pour connaître votre avenir ? dit-elle d’un air mauvais. Savanne soutint le regard ardent qu’elle dardait sur lui et répliqua :

— Non je viens ici dire le vôtre. Le voici : La mort vous menace, un homme noir vous « en veut » ; c’est un homme dans mon genre, regardez-moi bien. Au surplus, je vous donne un conseil : Si vous vous avisez encore de pénétrer dans le parc du château de Sauré, la nuit, vous y terminerez vos jours, eh ! Diablesse !…

La vieille haussa les épaules, sans mot dire.

Savanne continua :

— Si vous connaissiez si bien le passé et l’avenir, vous sauriez que nous vous avons vue en compagnie du « Chasseur Rouge ».

À ces mots, la vieille parut perdre toute contenance et s’exclama :

— Le Chasseur Rouge !… Et vous dites que vous avez vu le Chasseur Rouge ? Il est donc revenu dans le pays ?...

— Certes.

— Alors, de grands malheurs menacent les châtelains de Sauré. Ah ! mon Dieu !…

Il sembla un instant que la sorcière se sentait mal et qu’elle allait faiblir. Un tremblement convulsif la saisit et un sentiment d’effroi et de peur sembla s’emparer d’elle, puis peu à peu elle recouvra son calme.

— Vous connaissez le « Chasseur Rouge » depuis-longtemps ? demanda Savanne soudain impressionné.

— Je le connais comme tous les habitants du pays, pour l’avoir rencontré la nuit et pour en avoir entendu parler.

— Que savez-vous ?

— Je ne sais rien d’autre.

— Et pourquoi prévoyez-vous que de grands malheurs menacent les châtelains de