Page:Cléri - Le Crime de la chambre noire, 1915.djvu/40

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rendre la liberté. Ce bandit est capable de toutes les courtoisies. Donc il est un fait établi : il faut sortir d’ici au plus tôt, mais comment ?

Comment ? Là était la question ! Et une fameuse question ! Savanne étant serré comme un saucisson était tout au plus capable de ramper sur le sol. À moins de parvenir à être lancé tout d’une pièce, comme un bolide, à travers fenêtres, il ne fallait guère, songer à sortir de cette galère.

Savanne réfléchit pendant de longues heures, sans rien trouver.

Il avait bien songé à appeler à l’aide ; mais la ferme était isolée, il n’entendait d’autres bruits que celui du vent. Crier sans avoir la certitude d’être sauvé tout de suite, c’était se vouer à une mort immédiate.

Il attendit.

Vers midi la porte s’ouvrit et un des hommes qui l’avaient emprisonné, lui apporta deux pains, en disant :

— Il y en a pour deux jours, d’ici là vous ne nous reverrez plus. Nous partons en expédition. Arrangez-vous donc comme vous pourrez.

Puis l’homme sortit.

Savanne se mit à réfléchir de nouveau.

« J’ai deux jours pour trouver. C’est beaucoup, mais il faut être libre avant. Comment briser ces liens ?

Il mordit avec rage les cordes qui lui emprisonnaient les mains, les frotta contre la muraille lisse… Et soudain, une idée lui vint. Il rampa jusqu’à une fenêtre, puis, se plaçant sur le dos, il parvint à lever les bras jusqu’à ce que ceux-ci atteignissent l’arête aiguë du marbre. L’arête inférieure du marbre était, à certains endroits, rugueuse comme une lime. Savanne en profita pour y user ses cordes. Le travail fut long ; mais la patience du jeune homme était aussi grande que son courage. Après une heure, Savanne poussa un cri de