Page:Cléri - Le Crime de la chambre noire, 1915.djvu/49

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désespérés et aux gémissements que l’on attribuait au vent pleurant dans la cheminée s’étaient mêlés de véritables cris humains.

Mlle Mauvin elle-méme, bien qu’habituée à ce phénomène, s’était montrée très étonnée. Quant à Dauriac, il ne savait que croire.

— Ces cris sont, en effet, bien étranges, remarqua Savanne quand Dauriac eut terminé son récit, et ce qu’il y a de plus singulier encore c’est que je les ai entendus aussi, près du Trou du Diable.

— Il est donc fou d’attribuer au vent ces plaintes mystérieuses.

— C’est mon avis. J’ai l’impression très vague que cet inexplicable phénomène a quelque rapport avec le mystère de la Chambre Noire. A-t-on, au château, cherché la cause de ces bruits ?

— Oui, on n’a rien trouvé.

— Il faudrait, je pense, descendre dans le Trou du Diable et…

— Descendre dans ce trou maudit d’où personne jamais n’est revenu !… Y songes-tu ?…

— Pourquoi pas ? Je vais me munir de cordes, et ce soir même je tenterai l’expérience.

— En ce cas, je t’accompagne.

— Tu veilleras à l’ouverture du cratère pendant que je descendrai dans le gouffre. Est-ce convenu ? À ce soir donc.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

À la fin du jour, les deux amis se retrouvèrent près du Trou du Diable. Le gouffre offrait, comme d’habitude, un aspect vraiment infernal, d’autant plus que, derrière la montagne, l’horizon apparaissait incendié par un orageux crépuscule où, à l’or en fusion, qui donnait aux nuages des lueurs sinistres, se mêlait le sang du soleil couchant.

Savanne tira d’un énorme paquet qu’il avait apporté avec lui, une interminable corde nouée dont il attacha solidement une des extrémités à un des arbres qui s’élevaient non loin du Trou mystérieux. À l’autre extrémité, il attacha une pierre qu’il lança dans le gouffre.

— Maintenant, dit-il à Dauriac, je descends. Toi tu veilleras ici.

— As-tu pris du pain ?