Page:Cléri - Le secret de la malle rouge, 1915.djvu/20

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dans cette chambre voisine qui était plongée dans l’obscurité, nous pouvions, par la porte entr’ouverte qui la séparait de la chambre illuminée, voir tout ce qui se passait dans celle-ci.

— Voilà le mot de l’énigme, me dit mon ami en étendant la main.

Curieusement, avidement, je plongeai mes regards dans la chambre illuminée.

Le jeune Albert Lelong était assis dans un fauteuil de chêne. Ses traits exprimaient la terreur la plus formidable qu’il fût possible d’imaginer. Ses yeux, sortant de leurs orbites, semblaient fascinés par un spectacle horrible.

Que fixaient-ils, ces yeux qui, en les examinant mieux, paraissaient regarder sans voir.

Devant le jeune Albert Lelong, un homme se tenait debout, tout droit, dans une attitude autoritaire.

Une longue barbe blanche tombait sur sa redingote noire qui cambrait sa taille. Ses yeux brillaient d’un feu sombre et puissant.

Par instants, il étendait la main vers Lelong en un geste impérieux.

Soudain, sa voix s’éleva et nous entendîmes qu’il disait :

— Dormez ! je le veux ! je l’ordonne !…

Lelong sembla vouloir se débattre, mais en vain. Enfin, il parut succomber sous une force plus grande que sa volonté.

L’inconnu s’avança vers lui et prononça :

— Vous avez tué Mary Law, dans le bois