Page:Cléri - Le secret de la malle rouge, 1915.djvu/71

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Mais dans la mansarde, Sagan a relevé des traces de pas toutes récentes… Pas d’empreintes digitales, hélas ! M. Bulck est adroit et, dans ses expéditions, il porte toujours des gants. De premiers soupçons étaient nés dans l’esprit du détective.

— Au reste, remarqua Sagan, j’avais mon idée. En me faisant connaître sous mon véritable nom, je donnais l’éveil à l’assassin, je le forçais à agir et, par conséquent, à se manifester. Or, par le fait qu’il se manifestait, il dissipait une partie du mystère qui l’enveloppait. Ce que j’avais prévu arriva. Le meurtrier, en homme adroit et audacieux, vit tout le parti qu’il pourrait tirer de ma présence chez lui : il décida d’en profiter pour posséder un alibi précieux et éloigner les soupçons qui eussent pu se porter sur lui. Qui aurait pensé, en effet, qu’il eût accompli son crime presque sous les yeux d’un détective ? Il voulait d’abord tuer sa femme par la main d’Albert Lelong ; mais il sut que celui-ci était surveillé. Après le premier meurtre de Mary Law, il avait magnétisé Lelong et lui avait fait écrire la lettre de menace signée « La Main Noire » qui se trouve dans le dossier de l’accusation. Cette lettre ne porte pas de date précise, ni mois, ni année : les crimes seront accomplis un jeudi et un samedi, c’est tout. Cela pouvait servir quand on voulait. Dans cette missive, M. Bulck était menacé. Sa femme tuée, la lettre prouvait la culpabilité d’Albert Lelong. Le jeune homme était arrêté et M. Bulck s’écriait : « Je l’ai échappé belle ! »