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La place de Léon Cladel est difficile à déterminer, aussi bien que celle de Flaubert, de Barbey d’Aurevilly et des Goncourt, car leur personnalité l’emporte sur les généralités d’une école. Ils restent, suivant la parfaite expression de Remy de Gourmont, « de ces classiques singuliers et comme souterrains qui sont la véritable vie de la littérature française ».

Le chantre de la Fête Votive et des Va-Nu-Pieds se rattache au romantisme par ses dons d’imaginatif et de lyrique, mais la vigueur, l’exactitude, l’opulence et, quoi qu’on en ait dit, la simplicité traditionnelle de la langue, en ses meilleurs romans, l’apparient plutôt aux artistes de la Renaissance. En cette parenté résident son honneur et son bonheur. La fureur romantique, tombant sur sa fougue naturelle, aurait pu l’exaspérer jusqu’au mauvais goût ; l’hérédité classique le sauvegarda. Plusieurs d’entre les romantiques ne le furent qu’à demi : si le courant intellectuel du temps impressionna la moitié de leur