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— Suffit ! exclama sourdement le briscard ; enfin, courage ; et qui vivra, verra !…

Le lundi, 24 mai 1869, les habitants des vingt arrondissements de la métropole se portaient en masse aux sections des diverses circonscriptions électorales.

On marchait, serrés et fiers sous le soleil ; il y avait autour de tous les fronts on ne sait quelle auréole de victoire, et, malgré quelques fauteurs de discorde, pas un cri de mépris ou de haine ne s’élevait contre les sergents de ville qui, taciturnes et racornis, attristaient les rues et les boulevards ça et là…

C’était la fête septennale de Paris et, ce jour-là, le trabucaire couronné, César-Macaire, entendant du fond des Tuileries, sa bastille à lui, les rumeurs imposantes de ce peuple qu’il avait opprimé, mais non pas asservi, se sentait très mal gardé par les cent mille baïonnettes de ses prétoriens et par tous leurs canons et tous ses tonnerres.

Or, ce lundi de mai, ce lundi solennellement tumultuaire, entre quatre et cinq heures de relevée, une bande de jeunes hommes, qui n’avaient vu ni 48 ni 51, allaient du même pas vers la cour d’Amoy, scandant en chœur un hymne que ni