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Sensations de Nouvelle-France

géant, semble une énorme coulée de lave, où crépitent des écailles de feu. À mes pieds, l’océan des toits de la ville, avec les dômes et les clochers étincelants de ses nombreuses églises. Puis, partout, l’orgie des couleurs automnales : les feuilles mourantes se revêtant d’or pâle, de jaune orange, de rouge vineux, ou encore de l’éclatant rouge-pourpre particulier aux érables.

De l’autre côté du fleuve la campagne infinie plonge dans les lointains, masquée d’un côté à l’horizon par de petites montagnes, dont les tons violâtres se détachent avec une netteté de joujoux dans l’air pur et vif. Plus en face, et très au loin, se dessinent les premiers contreforts du Vermont et les premiers vallonnements descendant jusqu’au Lac Champlain. Et toujours, et partout, derrière tout cela, l’œil devine les immensités qui sont le propre de ce continent américain.

Que de délices, que nous ne connaîtrons jamais, ne devaient-ils pas éprouver jadis, tous ces découvreurs doublés d’aventuriers, qui partant autrefois de ce même Montréal que j’ai là en ce moment sous les yeux, se lançaient hardi-