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Sensations de Nouvelle-France

d’une alliance franco-irlandaise, car s’il est un fait avéré, bien qu’assez bizarre, c’est que tout ce qui est français a le don de hérisser particulièrement l’Irlandais, même jusqu’au point de le faire passer par-dessus sa haine de l’Anglais. Non, si j’en parle, c’est afin de mieux faire ressortir le degré d’infériorité numérique dans lequel se trouve la population anglo-saxonne de Montréal, sans compter que celle-ci ne peut guère s’appuyer sur le pays d’alentour, qui est encore province presque entièrement française.

Eh ! bien, malgré tout cela, c’est cette minorité même qui domine, subjugue, écrase tout le reste. Et cette minorité n’est pas une oligarchie, car le Canada jouit d’institutions parlementaires bien définies, et conçues dans un esprit très large. Il y a là, d’ailleurs, dans cet effacement graduel d’une nationalité, hier encore assez vivace, plus qu’une résultante d’intrusion souveraine de conquérant en pays conquis. J’y vois aussi l’indice, sinon d’une essence supérieure, certainement d’aptitudes naturelles mieux développées, et surtout mieux dirigées, du moins quant à ce qui a trait à outiller l’homme moderne pour affronter le struggle for life contemporain. En un mot le vice, qui ronge peu à peu cette Nouvelle-France, me semble initial, et c’est à