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Sensations de Nouvelle-France

jusque par-delà la région de Montréal. Dans les claires envolées de cloches sonnant à Ste-Anne par cette belle matinée de printemps, et qui rythmaient la marche de la procession à travers les verdures ensoleillées, quelque chose de l’âme chevaleresque et rêveuse, éprise d’art et d’infini, de tous les anciens preux de la Nouvelle-France, a dû s’épandre dans l’air et fuser des lèvres de tous ces humbles recueillis, tandis que là-bas les cognées qui retombaient, en heurts sourds et précipités, sur les piles du pont, pouvaient assez bien figurer le martellement sous lequel le praticisme anglo-saxon espère opérer la désagrégation et l’émiettement de ce qui reste ici de l’antique idéalisme parti des rives de la belle et douce France.

Je viens de faire allusion au tableau de Jules Breton. Cela me remet en mémoire deux œuvres d’un tout autre genre, mais serrant de plus près mon sujet, et dont le souvenir m’est toujours resté très vivace. J’étais entré il y a quelque temps, à New York, chez les éditeurs « Harper Brothers », et je parcourais d’un œil distrait une belle collection de dessins ayant déjà servi à