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Sensations de Nouvelle-France

son parvenu, et avec ce quelque chose de compassé, de pondéré, qui dit ici que l’on est plus immédiatement sous la dépendance de Londres et des Anglais.

L’hôtel se nomme le « Frontenac », et ce nom aux syllabes belliqueuses, évocation de l’une des figures les plus énergiques de l’histoire de la Nouvelle-France, sied bien vraiment à cet édifice superbe, perché sur un roc abrupt d’une centaine de mètres, et dont les motifs d’architecture en créneaux et mâchicoulis semblent tout naturels, dans ce vieux Québec si souvent assiégé, et gardant quand même, en dépit de quelques « modernités », une physionomie frondeuse, batailleuse, et guerrière.

Des fenêtres de ma chambre du Frontenac, toutes grandes ouvertes par ce radieux matin, je me grise à plaisir d’un panorama qui restera pour moi, je crois, inoubliable. Nous sommes si haut que le regard plonge à pic, tout en bas, dans les cheminées fumantes de la basse-ville attenant au port, tout un tassement de vieilles pierres, aux tons doux et effacés, et dont la ligne va s’allongeant, s’étirant, jusqu’au môle