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Sensations de Nouvelle-France

zones rieuses où se font les vendanges célèbres. Rien, non plus, des forêts vierges tropicales, aux arcs festonnés et odorants. Partout, au contraire, l’empreinte boréale, où dominent les conifères. Çà et là seulement, à l’automne, l’embrasement des érables ; mais cette variante n’est que momentanée, et bientôt toutes les sombres frondaisons reprennent possession exclusive des paysages.

Partout répandue, aussi, une grande uniformité, cette uniformité des vastes espaces particulière aux plateaux américains. Si l’on en excepte les Laurentides de la région avoisinant Québec, et les caps sourcilleux bordant la trouée noire du Saguenay, c’est à peine si quelques rares cimes arrêtent par ci par là le regard, sur toute l’immense table rase formée par la vallée du St-Laurent. À la canicule, quand les blés mûrissent, c’est, sous le souffle du large, comme une ondulation de flots d’océan roulant sans une brisure jusqu’aux infinis lointains. Le Canadien, il semble, doit recevoir de tout cela, et de sa longue accoutumance avec les horizons illimités, comme un contre-coup de cette placidité calme et rêveuse que l’on remarque, par exemple, chez les marins au long cours.

Pourquoi, enfin, ne pas attribuer, à la rigueur exceptionnelle des hivers canadiens, ce que je