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Sensations de Nouvelle-France

concours que vint spontanément m’offrir un magistrat éminent de cette ville — lui-même écrivain, à ses heures —, pour qui j’avais un mot de présentation à mon arrivée, et avec lequel je n’ai pas tardé à me lier assez intimement. L’éclipse — ne serait-ce pas plutôt la disparition ? — du Canada français, depuis quelques années, a été pour la France une énigme si incompréhensible, si douloureuse même, que je vais faire appel ici à toute ma mémoire pour rapporter fidèlement les paroles de mon interlocuteur, paroles qui, tout en confirmant plusieurs de mes déductions, m’ont semblé se rattacher aussi à des considérations sociales et politiques de la plus grande importance, pour la compréhension des hommes et des choses de ce coin d’Amérique.

Nous étions tous deux, hier soir, ainsi que cela nous était déjà arrivé deux ou trois fois, à faire une promenade d’après dîner sur la Terrasse, au moment même de sa plus grande animation — l’heure où tremblotaient les premières étoiles — et je venais de faire part à cet aimable compagnon de toutes les étranges suppositions qui m’obsédaient, lorsque tout-à-coup s’arrêtant